Thésogara - 18 ans

I - Sous la main d'un père tyrannique

     Depuis que je suis tout petit, mon père me maltraite, autant psychologiquement que physiquement. Tout est bon pour prendre des coups, une mauvaise note, une maladresse, une "petite bêtise". Lorsque mon père buvait c'était encore pire, il n'hésitait pas à utiliser des objets pour me taper et me mutiler, fouet, martinet, tapette à mouche, pantoufles.

    Les insultes aussi j'en ai entendu des belles, gros sac, sac à m****, sale minable, tu es inutile, t'es pas un fils pour moi, t'es qu'une m**** et j'en passe. Ces mots résonnaient dans ma tête et m'ont donné une profonde haine envers l'humanité et envers mon père.

    Alors qu'un père doit être là pour aider son fils, lui donner de l'amour, faire des activités avec lui, regarder des films, aller au cinéma, à la pêche, ou jouer aux jeux vidéos, le mien me torturait et me détruisait aussi bien physiquement que mentalement.

II - 12 ans, le collège.

     A 12 ans, la maltraitance physique a à peu près cessée mais la maltraitance psychologique ne s'arrêtera jamais. Je suis entré au collège à l'âge de 12 ans. Dans les premiers jours tout allait bien, puis, plus tard, ont commencé les insultes, gros sac, gros lard, sale gros, fils de p*te...

    Des insultes abominables lancées par des êtres qui, à mes yeux, auraient mérité la plus atroce des morts, et là aussi, il y avait des coups en plus, des coups de poing dans le ventre, sur la tête, sur le nez. Un jour, un des élèves de ma classe m'a poussé par dessus un muret pour me faire tomber 2 mètres plus bas pour, au final, me casser le bras. Cet élève n'a pas été sanctionné, tout le monde s'en foutait.

    Je ne sortais pas lors des récréations, je m'isolais dans la bibliothèque du collège, je lisais une BD pour être à l'abri des autres, ne pas entendre leurs insanités et ne pas me faire taper dessus toute la journée.

    Forcément, avec l'arrivée au collège sont arrivées les filles, et là, quelle horreur. Je tombais amoureux à la pelle, il suffisait qu'une fille passe et j'étais fou amoureux, comme ça. Comme les gamins de 12 ans sont cruels et qu'ils aimaient me faire souffrir, ils demandaient à une fille que j'aimais de venir me voir pour me faire croire qu'elle m'aimait, avant de me jeter violemment des insultes et d'autres horreurs à la figure.

    Mon pire souvenir est certainement CETTE fille. Je l'aimais plus que toutes les autres, ça faisait des semaines, des mois que j'étais fou amoureux d'elle en secret. Mon seul ami de l'époque était au courant et le lui a dit "pour m'arranger l'affaire". Cette fille est venue vers moi, elle s'est assise à côté de moi et m'a pris la main, j'étais aux anges, elle, cette fille merveilleuse m'a pris la main. J'étais bloqué, transi. Finalement on a parlé et à la fin de la récréation elle m'a donné son numéro. En rentrant le soir, j'étais fou de joie et je l'ai appelé. On a discuté pendant près d'une heure, et au final elle m'a demandé de la retrouver le lendemain, mercredi, devant le collège, à 16 heures.

    Une demi-heure avant le rendez-vous fatidique, je me rends sur place pour être sûr d'être à l'heure. 16h15, personne, j'attends, j'attends encore, puis mon téléphone sonne, c'était un SMS, d'elle. Je le lis et je mets une bonne dizaine de secondes pour réaliser ce qui est écrit, et je tombe à genoux au sol.

    Voici mot à mot: dsl je ve un BG moi, et c pas toi, toi t un BG
(désolé, je veux une Beau Gosse moi, et c'est pas toi, toi tu es un Boule de Graisse).

III - 16 ans, le lycée et la descente aux enfers.

    Mon entrée au lycée aura été mon arrêt de mort sentimental. Comme au collège, tout se passait bien au début, puis, jour après jour sont venues les insultes, les coups et mon automutilation.

    Oui, je m'automutilais, par dégoût de moi-même, par désespoir et par haine. Je m'ouvrais les veines, je me coupais dans les bras, les épaules et les jambes, je voulais mourir.

    Un jour, j'ai décidé de franchir le pas et de mettre fin à cette histoire inhumaine et j'ai décidé de me suicider. Malheureusement (ou heureusement, je ne sais pas encore) j'ai raté mon coup, je ne me suis pas ouvert les veines assez profondément.

    Au lycée, tout le monde voyait les marques, je voulais qu'ils les voient pour qu'ils comprennent où les coups et leurs insultes m'ont mené, vers ma propre destruction.

    Au lycée, les coups étaient très variés, simples claques, coups de poing, poubelle sur la tête, envoyé tête la première contre un mur ou encore tabassage collectif, c'était mon quotidien. Au bout du compte, j'ai décidé de me dresser contre tout le monde et de ne plus venir en cours, je n'en pouvais plus, c'était au-dessus de mes forces...

    Arrive le jour de l'examen, lors de l'épreuve de pratique de cuisine, je tombe dans le groupe de mes deux pires ennemis. Nous passons l'épreuve et je ne me doutais pas encore qu'ils m'avaient préparé un coup monté.

    En sortant, l'un d'eux m'attrape par derrière pendant que l'autre m'assommait de coups sur la tête et dans le ventre. Puis, ils ont terminé leur affaire avec un joli coup de chaussure de sécurité dans la nuque.

    Quand le prof est arrivé pour nous séparer, tout le monde a dit que j'avais commencé, forcément, ils étaient tous montés contre moi. Au final, j'ai été disqualifié de l'épreuve du CAP pour bagarre, une bagarre où je ne faisais que me défendre...

    Cette histoire c'est mon histoire, j'ai 18 ans et je suis au bout du rouleau, la seule chose qui me fait rester en vie, c'est ma famille (en dehors de mon père), mes animaux et mon sport, le catch...

   J'espère que ce témoignage fera réfléchir les gens qui font subir aux autres ce que j'ai subi...

                                                                                        Thesogara

©  Patricia Lacombe